Elle lui demanda où était son sac, pour le monter dans le dortoir. Nicolas regarda autour de lui, sans voir le sac. Il ne comprenait pas.
« Je croyais qu’il était là », murmura-t-il.
« Tu l’as bien emporté ? » demanda la maîtresse.
Oui, Nicolas se rappelait très bien quand on l’avait mis dans le coffre, entre les chaînes et les mallettes à échantillons de son père.
« Et en arrivant, vous l’avez sorti du coffre ? »
Nicolas secoua la tête en se mordant les lèvres. Il n’en était pas sûr. Ou plutôt, si : il était sûr maintenant qu’on avait oublié de l’en sortir. Ils étaient descendus, puis son père était remonté et à aucun moment on n’avait ouvert le coffre.
« C’est trop bête », dit la maîtresse, mécontente. La voiture était repartie depuis cinq minutes, mais il était déjà trop tard pour la rattraper. Voyant combien il semblait malheureux, elle se radoucit, haussa les épaules et dit que c’était bête, mais pas bien grave.
Emmanuel Carrère, La Classe de neige, P.O.L, Paris, 1995
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